« Qu’est-ce que la laïcité ? », interroge dans un ouvrage le très docte Henri Peña-Ruiz…
Je vais, dans ce court article, essayer de vous épargner la lecture de cet ouvrage de 352 pages, car en ces temps d’inflation galopante, il n’est pas de petites économies.
A. Supposons qu’un groupe prônant le retour aux valeurs traditionnelles du catholicisme, soit menacé de dissolution. Quelques heures après cette annonce par un ministère de l’Intérieur, vous verriez fleurir, çà et là, des images ressemblant à celle-ci :
Imaginons maintenant que vous soyez fonctionnaire, et que vous souhaitiez manifester votre soutien à ce groupe, en imprimant sur papier une affiche ressemblant à cette image, afin de la poser sur la porte de votre bureau. Alors je dis qu’il y a 100% de chances que les évènements suivants s’enchaînent :
- Vous feriez l’objet d’une plainte de la part de vos « chers collègues ».
- Vous seriez convoqué dans le bureau du directeur local.
- Vous feriez l’objet d’un rappel à la loi de 1905 sur la séparation de l’Église de l’État, ainsi que d’un rappel à la loi sur l’obligation de neutralité des fonctionnaires sur leur lieu de travail.
- Vous seriez sommé de retirer immédiatement de la porte de votre bureau l’affiche que vous auriez imprimée.
- Vous feriez éventuellement l’objet de sanctions administratives, pouvant aller jusqu’à la radiation du corps auquel vous appartenez.
B. Maintenant, imaginons la situation suivante : imaginons qu’un « attentat » ait eu lieu au sein de la rédaction d’un journal satirique. En fait, il se serait plutôt agi d’un crime de guerre. Dans ce cas, en moins de 72 heures, les plus petits recoins de l’espace public seraient miraculeusement recouverts de ce genre d’affiche :
Dans la foulée, trois jours de deuil national seraient décrétés par le président de la République en exercice.
Si vous étiez fonctionnaire, vous vous verriez imposer par le Directeur général de votre administration, une minute de silence, autrement dit, un instant de recueillement collectif, et vous auriez envie d’afficher votre soutien à ce journal, par conviction, ou plus vraisemblablement par suivisme moutonnier, en imprimant cette image sous forme d’affiche, pour la poser sur la porte de votre bureau.
Dans cette configuration, vous ne seriez absolument pas inquiété par votre directeur local…
Maintenant, nous pouvons répondre à la question du titre de cet article : la laïcité à la française, c’est lorsque vous êtes interdit de vous réclamer des traditions catholiques et royales qui ont fait la grandeur de la France, mais vous êtes contraint de vous sentir solidaire d’un journal « pro-OTAN, pro-prouts, et pro-guerres », selon la classification du Décodex alternatif.
Moralité : merci M. Émile Combes !